Historique de la commune de Monbrun

L’absence de t-, est sans doute due à une coquille glissée un jour dans un document administratif. Il semble en effet que le village s’appelait Montbrun, et devait ce nom à la couleur très sombre de la terre en haut de la colline, là où se situe le château.

L’histoire de Monbrun est assez difficile à retracer, en l’absence relative de documents. Il semble cependant qu’elle soit tout entière liée à la seigneurie dont l’existence est attestée au Moyen Age, dès le XIIe siècle : le premier texte connu citant un membre de la famille de Monbrun date de 1163. Le baron de Montbrun était un des seigneurs du Fézensaguet et prêtait hommage aux vicomtes dont la capitale était Mauvezin. On cite ces seigneurs de Monbrun dès le milieu du XIIe siècle, ainsi que le castellum, le château, dans un document appartenant au Cartulaire de Gimont, recueil de chartes de donations faites à l’abbaye de Gimont durant les XII et XIIIe siècles.

La naissance du village vient certainement de la présence du château et a dû se développer rapidement à côté de lui. Le premier document attestant son existence concerne la charte de coutume que le seigneur de Montbrun accorda aux habitants du village en 1264. Celle-ci est malheureusement est perdue, mais l’on sait que ces chartes réglaient la vie du village, les droits et les devoirs des habitants et leurs relations avec le châtelain. On ne peut qu’imaginer des liens étroits entre les villageois et leur seigneur qui leur devait protection, tandis que les habitants devaient exploiter la terre et faire des corvées pour le baron de Monbrun. En revanche, il est impossible de savoir à quoi ressemblaient et le château et le village dans ces temps lointains.

Quelques mentions des seigneurs de Monbrun dans des textes entre la fin du XIIIe et le XVe montrent leur présence répétée dans l’entourage du vicomte de Fézensaguet jusqu’à ce que celui-ci soit englobé dans les domaines du comte d’Armagnac. Ils sont d’ailleurs parfois plusieurs coseigneurs et reçoivent le droit de justice basse, moyenne et haute dans leurs domaines à la fin du XIIIe.

Le 6 juin 1494, Jean de Pins, fils du seigneur de Pins dans le Comminges, acquiert la seigneurie de Monbrun auprès de Jean de Lautrec. Depuis, et malgré les diverses tourmentes historiques et familiales, le château est toujours resté dans la famille. Le même Jean de Pins acquiert également l’année suivant, une partie de « la justice de Monbrun ».

Pour ce qui est du château, on n’a là aussi que quelques informations. Il est constamment mentionné dans les documents anciens mais se situait plus à l’est, plus près du village. Une peinture du XVIIIe siècle nous montre un château fort, qui a connu des modifications à différentes reprises, lorsque tous les seigneurs cherchèrent à avoir un peu plus de lumière et de confort dans leurs grandes demeures. On peut même imaginer que les premiers réaménagements furent réalisés par Jean de Pins : en effet, on sait qu’il fit construire la chapelle funéraire de la famille et qu’il s’y fit enterrer après sa mort survenue le 3 janvier 1514. Son frère, homme d’église respecté, remplissant de nombreuses missions diplomatiques auprès du Saint-Siège pour le roi François Ier, obtint pour cette chapelle funéraire son rattachement à l’autorité directe du pape. Depuis, de nombreux membres de la famille de Pins sont enterrés dans la crypte sous la chapelle.

La chapelle fut construite à côté de l’église dont l’emplacement de l’église est ainsi attesté depuis au moins le XVIe siècle ainsi que son vocable de Saint-Sabin que l’on trouve dans les textes dès 1551. Il reste d’ailleurs quelques éléments gothiques à l’intérieur de l’église qui vient d’être inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Les bases de pierre sculptées sur lesquelles reposent les colonnes engagées du chœur ainsi que la chapelle du nord, dédiée à la Vierge, dont la voûte repose sur des consoles sculptées représentant des têtes humaines et des animaux.

Hormis les mentions répétées de membres de la famille de Pins dans les textes, seule l’église montre des éléments pour la période allant de la Renaissance à la Révolution. En effet, dans la nef, au bas du mur ouest, le linteau de la porte ouvrant sur l’ancien baptistère, porte la date de 1742. Il y a donc eu à cette période des travaux qui ont permis d’accéder ainsi au rez-de-chaussée du clocher. La vasque qui servait de fonts baptismaux a été transformée en bénitier. Du XVIIIe également date la statue de la Vierge à l’Enfant, sans doute espagnole. En bois doré, sa robe très large découvre ses pieds foulant le serpent, symbole du mal.

La Révolution qui éclate en 1789 n’aura que quelques répercussions sur notre village : on sait que les habitants firent libérer le marquis François de Pins, preuve que les relations entre le châtelain et le village étaient bonnes. Ce qui changea surtout, c’est l’organisation administrative du territoire : la commune de Monbrun fut intégrée au canton de Cologne, dépendant du district de L’Isle-Jourdain, un des six composant le département du Gers. On ferma l’église et on fit également l’inventaire des biens du clergé que l’on vendit : pour Monbrun, cela représentait un peu plus de deux hectares de terres. L’église fut réouverte à partir de 1801 et un nouveau curé nommé en 1804.

Les châtelains construisent également un moulin, dit de l’Ardut, que les habitants d’ici connaissent bien. Classé MH dès 1981, il abrite toujours les mécanismes qui permettront sa restauration.

Un peu plus tard, en 1828, la petite commune de Horgues fut intégrée à celle de Monbrun, ce qui entraîna une augmentation substantielle du nombre d’habitants, qui passa de 491 habitants en 1821 à 695 en 1831. Le nombre d’habitants continua d’ailleurs à augmenter pendant quelques années : le maximum est atteint en 1841 avec 716 personnes vivant sur les 1080 ha de la commune. Le conseil municipal décide d’ouvrir une école en 1833. Celle-ci est d’abord installée dans une maison du village puis on construit un bâtiment spécial en 1846-47 sur le plateau du Padouenc, qui abritera la mairie, l’école et le logement de l’instituteur.

Au château, les grandes transformations ont lieu à cette période justement. On détruit l’ancien et on en reconstruit un peu plus à l’ouest, plus loin du village et indépendant des bâtiments des communs et de l’église. Son architecte est Joseph-Antoine Froelicher qui construisit de nombreux châteaux pour la grande aristocratie française, notamment la duchesse de Berry. S’inspirant des modèles de la Renaissance française des bords de Loire, ses toits d’ardoise, ses quatre tours et ses parterres de pelouses découpés devant, sont très connus dans toute la région. Commencés en 1841, les travaux se terminent vingt ans plus tard : en 1861, il est cité comme étant « construit récemment, avec une magnificence qui lui assure le premier rang parmi les monuments de l’art moderne en province ».

Quelques années plus tard, en 1896, la construction est complétée par la réalisation d’un grand parc à l’anglaise dessiné par Edouard André, grand paysagiste de renommée internationale. Le château et son parc viennent d’être inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, en même temps que l’église.

C’est également à cette période qu’eurent lieu des travaux de réfection de l’église : on érigea la tour-clocher en 1857, en remplacement de l’ancienne ; on refit la voûte en plâtre, on décora de peintures et on aménagea l’intérieur par des tableaux et des vitraux.

De cette période date également l’engagement politique des Pins, régulièrement maires du village et conseillers généraux du département, voire députés.

Mais ce milieu du XIXe siècle marque également le début d’un déclin démographique de grande ampleur, comme dans la plupart des villes et villages du département : on passe ainsi de plus de 700 habitants en 1840 à 410 en 1901. Ce déclin est dû à un fort exode rural lié à la recherche de travail. Il se poursuit tout au long du XXe siècle, accentué par les pertes de la première Guerre mondiale puis la mécanisation des campagnes qui pousse à la ville de plus en plus de gens. Le plus bas chiffre est atteint en 1990 : le village ne compte plus alors que 176 habitants.

C’était sans compter sur l’attractivité de la campagne gersoise, le très bon emplacement du village près de L’Isle-Jourdain et non loin de Toulouse, ainsi que sur les magnifiques vues sur les alentours et les Pyrénées qui s’y déploient. L’augmentation du nombre de la population en est la preuve directe, puisque aujourd’hui, les Monbrunois ne sont pas loin d’être 400. Gageons que cette croissance va se poursuivre, raisonnablement et dans le respect des paysages et de la campagne…

Le Gers vu du ciel

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